Monty Python : exceptionnellement, l’humanité fait des miracles

Malaise général habituel chez les humoristes

La plupart des humoristes ne sont pas seulement mauvais, mais en plus de ne pas faire rire, ont plutôt tendance à énerver.

Dans leur grande majorité, ils parviennent à repérer un ou deux éléments sociétaux marquants de leur époque, autour duquel ils borderont un lot de blagues soit trop gentilles (public plutôt plouc) soit trop méchantes (public plutôt urbain). Aussi, ces comiques deviennent-ils ringards au bout de cinq ans, et sont oubliés au bout de dix.

Le moment de grâce : le Monty Python Flying Circus (saisons 1 et 2)

On peut estimer que ce qui s’est passé avec les Monty Python constitue une anomalie statistique. Si certains de leurs sketchs, en les revisionnant, ont manifestement mal vieilli, dans l’ensemble, ils ont approché des sommets que l’humanité n’a jamais semblé avoir atteints dans son histoire entière lorsqu’il s’agit de faire rire. 

Cette exception a été très courte, il s’agit des deux premières années du Monty Python Flying Circus. La troisième année montrait déjà des signes de faiblesse. Le départ de John Cleese, qui sentait un certain affaiblissement du niveau général poindre, et qui ne le supportait pas,  n’a fait qu’accélérer la fin.

Le rire est le propre de l'homme (intelligent)

Il est assez difficile de savoir ce qui fait rire. Il y a des sujets qui prêtent davantage à rire, mais ce qui compte, c’est la façon dont on les traite. Le rire tient de l’intuition, c’est presque de l’ordre de la musique improvisée. Peu importe le sujet, c’est la singularité d’un homme qui compte.

Quand Mark Twain ou Guillaume Musso écrivent sur l’enfance, on a des résultats radicalement différents. L’intérêt de l’art réside en cela : il est d’une brutalité totale dans sa façon de jeter à la poubelle à peu près toute la production humaine au fil du temps, mais à long terme, on peut lui faire confiance.

Les Monty Python font partie des rares humains à avoir exercé leur humour au point d’en faire une oeuvre d’art.

Qualité d'écriture des textes des Monty Python

La réussite des Monty Python est celle de Kafka. Il s’agit simplement de gens qui auraient complètement accepté leurs rôles de bouffons.

Le ridicule les fascine. Ils en détournent sobrement l’aspect terrifiant.

Ils le subliment littérairement.

Ils font partie, avec Desproges, des rares humoristes qu’on peut lire.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si on affaire à des jeunes hommes sortis de bonnes universités. Apparemment, l’accès, tôt ou tard, à une culture convenable est de nature à améliorer la probabilité de créer ensuite une œuvre de qualité suffisante. On ne verra jamais Kev Adams écrire quelque chose comme The Ministry of Sily Walks.

De la même manière, le meilleur groupe entre les Beatles et les Rolling Stones, c’est Pink Floyd.

Même causes, mêmes conséquences. 

Conclusion : arrêtez de foutre vos enfants devant TikTok. 

And now, for something completly different