Dans Vide à la demande. Critique des séries (L’Échappée, 2024), Bertrand Cochard présente une analyse acerbe de l’impact des séries sur nos vies. Contrairement à la vision commune qui encense les séries comme des outils d’émancipation ou de critique sociale, Cochard les voit comme des instruments idéologiques. Il montre comment elles perpétuent l’addiction aux écrans et participent à la marchandisation de notre temps libre.
L’impact des séries à l’infini
Cochard soutient que les séries, omniprésentes et consommées à la demande, renforcent notre dépendance à une infrastructure numérique qui altère notre manière de vivre et de penser. Les séries s’invitent dans chaque moment creux de nos vies, créant une illusion d’évasion tout en nous maintenant captifs du système économique capitaliste. Elles nous « libèrent » de notre temps de cerveau disponible, non pas pour un repos sain, mais pour nous maintenir actifs dans un cycle continu de consommation.
L’auteur critique aussi le fait que les séries, bien que parfois mises en avant pour leur potentiel critique, finissent par désamorcer leur propre message. Elles deviennent un élément du spectacle qu’elles prétendent dénoncer, nous laissant aliénés, les yeux rivés sur nos écrans.
L’économie de l’attention et l’aliénation moderne
Loin de simplement dénoncer un divertissement moderne, Vide à la demande examine en profondeur les effets délétères des séries sur nos existences. Cochard propose une réflexion sur le temps, la fiction, et la manière dont les séries participent à une économie de l’attention qui nous déconnecte de la vie réelle.
Cela reflète un enjeu essentiel : notre rapport au temps, devenu un simple « capital chronométrique à investir », où chaque moment doit être rentabilisé par la consommation de contenu.
« Critique des séries » de Bertrand Cochard (L’Échappée, 168 p., 17 €)